Nous reproduisons ci-dessous un texte de réflexion intéressant d'Emmanuel Leroy sur la question du patriotisme, publié initialement sur Nations Presse Infos.
Depuis longtemps déjà dans les milieux « identitaires » acception comprise au sens large, coexiste une double conception de la nation. L’une traditionnelle, plongeant ses racines dans la plus lointaine mémoire d’une France naissant au monde au Ve siècle lors de la conversion de Clovis au catholicisme, l’autre archaïque, et se voulant archéo-futuriste, reposant sur la lointaine origine commune des peuples indo-européens.
La branche traditionnelle a subi une césure lors de la Révolution de 1789, et plus précisément le 21 janvier 1793 lors de la décapitation du roi Louis XVI. Depuis lors, se sont affrontées en France deux conceptions de la nation, l’une ante et l’autre post révolutionnaire. Il n’est pas dans mon propos de revenir ici sur les causes de cette révolution, mais bien plutôt de souligner que les révolutionnaires de 89, s’ils ont mis fin à un régime, n’ont pas mis un terme au destin de la France, ils lui ont simplement fait prendre une autre direction, et avec elle l’Europe, puis le monde entier. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’hégémonie culturelle française qui prévalut en Europe jusqu’au XVIIIe siècle, se doubla, dès l’avènement des Lumières mais surtout après la révolution française, d’une hégémonie idéologique qui emporta plus ou moins rapidement l’ensemble des régimes autocratiques européens jusqu’à la première guerre mondiale.
Malgré cette forte tendance à l’universel, qui est en quelque sorte une des manifestations de l’exception française, il n’en demeure pas moins que les géniteurs de la république en France étaient des patriotes convaincus, et la conception des droits de l’homme dans l’esprit des pères fondateurs est indissociable de la notion de citoyenneté. Depuis la révolution de 1789, en considérant que l’épisode napoléonien puisse être interprété comme une tentative, avortée, de réconcilier l’ancien et le nouveau régime, légitimiste et révolutionnaire, ces deux France se sont côtoyées et combattues, jusqu’à la quasi disparition de la première entre les deux guerres mondiales, notamment à travers la condamnation par le Pape Pie XI de l’Action française en 1926.
Dès lors, si l’on excepte les mouvements royalistes de diverses obédiences, les groupuscules radicaux passéistes ou les milieux libertaires, ne subsistent plus en France dans le champ politique que des partis se réclamant de la logique républicaine. Le Front national appartient à cette catégorie, car dès sa naissance en 1972, ce parti entendait respecter et promouvoir les règles républicaines. De ce fait, et sur le strict plan de la conception des institutions et du partage des pouvoirs, le Front National ne se distingue en rien des autres partis politiques français en ce début de XXIe siècle. En revanche, ce qui le distingue radicalement des autres partis, UMP, PS, EELV, PC, NPA, Parti de gauche etc., c’est qu’il est le seul à avoir compris l’importance cruciale que représentent conjointement les concepts de république pour la défense des institutions contre l’idéologie mondialiste et de laïcité pour la défense du peuple contre l’envahissement de l’islam. Le thème de la laïcité est particulièrement intéressant comme concept défensif face à une religion totalitaire comme l’islam – au sens où cette dernière englobe à la fois le spirituel et le temporel – mais il est clair que la neutralité laïque ne constitue plus un corpus idéologique et spirituel suffisant pour stopper sur le long terme la progression de l’idéologie mahométane sur notre continent.
La branche archaïque du milieu identitaire, et dans mon esprit, le terme archaïque n’a pas de valeur péjorative, a paradoxalement surgi beaucoup plus tard que la branche traditionnelle. Le courant intellectuel qui a présidé à son apparition est né de mon point de vue dans l’entre-deux guerre et a réuni des intellectuels comme Bertrand de Jouvenel, Emmanuel Berl, Henri de Man ou encore Pierre Drieu la Rochelle. Même si ces intellectuels suivirent des chemins différents, ils partagèrent avec beaucoup d’autres l’horreur que fut la première guerre mondiale, et tentèrent chacun à leur façon d’inventer un monde où ces affrontements fratricides entre nations européennes seraient abolis. Ils ont de ce fait été des précurseurs dans le monde intellectuel européen de la mise en avant des idées européistes et ont accompagné ou précédé, consciemment ou inconsciemment, des personnalités telle que le fameux Richard de Coudenhove-Kalergi, agent patenté du Nouvel ordre mondial à travers, notamment le concept de Paneurope qu’il inventa. De manière plus tangible, la transcription de cet idéal paneuropéen dans les milieux nationalistes est née dans le tournant des années 60 du XXe siècle. Un des hommes-clé de cette évolution en a été Dominique Venner. Militant nationaliste, engagé dans le combat de l’Algérie française, il passera dix-huit mois à la prison de la Santé en raison de son engagement dans le camp des réprouvés. C’est à sa sortie de prison en 1962 qu’il écrit le manifeste Pour une critique positive dans lequel il oppose « nationaux » et « nationalistes ». C’est dans cette filiation intellectuelle que s’est construit un nationalisme révolutionnaire européen qui se détachera de plus en plus de l’idée de la nation française. Par la suite, cette évolution naturelle conduira à l’émergence de deux courants, proches mais distincts, l’un politique et qui aboutira à la création de plusieurs mouvements nationalistes révolutionnaires, l’autre métapolitique duquel émergera le GRECE, présenté comme « nouvelle droite » par les médias au tournant des années 1980.
Avec le recul du temps et la dure loi de la confrontation au réel, force est de considérer que, dans une perspective politique, cette stratégie de la supranationalité européenne dans les temps actuels est à tout le moins un échec et en tout cas une impasse.
Avant d’examiner plus au fond la raison de cet échec et la nature de cette impasse, il convient d’étudier les causes qui ont conduit Dominique Venner et avec lui beaucoup d’autres militants – dont je fus – dans cette voie qui ne sert objectivement que les intérêts du Système global.
Dominique Venner est né en 1935 et a donc vécu de plain-pied et dans sa chair avec ceux de sa génération, toutes les défaites et les reculs que la France a connus depuis l’entre deux-guerres. Mai 1940, l’Indochine et l’Algérie enfin auront eu raison de son amour pour la mère patrie. Il n’y a qu’un amour déçu pour engendrer une haine inexpiable ou pire encore, un mépris infini. Cette France vaincue par les Allemands en 1940, puis asservie à nouveau par les vainqueurs anglo-saxons, humiliée et trahie en Indochine, et puis trahie encore par celui qui prétendait la sauver en Algérie, cette accumulation de défaites et de reculades a probablement été le principal facteur de perte de confiance dans la capacité de la nation à se régénérer.
Dans ces années 60, devant tant de honte et avec aussi peu d’espoir de voir surgir une alternative politique, je comprends que des hommes comme Dominique Venner aient essayé d’imaginer une alternative à ce qui pouvait sembler à l’époque pour un militant révolutionnaire, une société bloquée et sans avenir. La voie naturelle d’un homme courageux pour sortir d’une impasse est bien évidemment d’en sortir par le haut. Et c’est ainsi qu’a été forgée cette idéologie politique nationaliste européenne, d’abord à travers le périodique Europe-Action, puis par le prisme de multiples revues et mouvements politiques et métapolitiques.
Pourquoi le nationalisme européen est-il un échec sur le plan politique et pourquoi débouche-t-il sur une impasse ?
Probablement pour les mêmes raisons, malgré l’extraordinaire disproportion de moyens mis en œuvre, qui empêchent les technocrates de Bruxelles d’achever la construction politique européenne, à savoir la persistance d’une remarquable hétérogénéité des peuples européens à travers leur histoire, leur langue, leur situation géographique, leurs intérêts géopolitiques ou stratégiques, leurs alliances traditionnelles ou leurs ennemis éternels. Allez donc expliquer aux Polonais, peuple enclavé situé sur la zone tectonique séparant le monde slave du monde germanique, qu’il est l’allié naturel des Teutons et que le passé récent ne fut qu’un simple accident de l’histoire. Essayons de comprendre comment l’Angleterre, puissance thalassocratique par excellence et qui s’est construite essentiellement durant toute son histoire contre la puissance continentale européenne, que celle-ci fût incarnée par les Habsbourg, les Bourbon ou par les succédanés impérialistes français ou germaniques des XIXe ou XXe siècle, comment ces Anglais, du moins leurs élites, pourraient-ils se contenter d’une simple ambition européenne alors qu’ils n’ont jamais eu d’autre volonté que d’asservir le monde à leurs intérêts mercantiles.
Il n’en demeure pas moins vrai que les peuples européens se sont bâtis sur un substrat commun et qu’ils partagent tous une même origine, prouvée par la parenté de nos langues, remontant à plusieurs millénaires avant J.C.
Mais cette lointaine origine s’est perdue dans les sables du temps, et les Celtes, les Latins, les Grecs, les Germains et les Slaves se sont fondus dans de nouveaux paysages avec d’autres peuples qui occupaient avant eux le territoire que nous occupons aujourd’hui, contribuant ainsi à forger des peuples différents, possédant chacun leur propre génie.
Cette diversité fut en partie atténuée par deux phénomènes majeurs que furent la conquête romaine et l’établissement du christianisme. Le premier a laissé dans l’imaginaire européen le souvenir de cet empire universel et de la pax romana qui l’accompagnait, en même temps qu’une langue qui non seulement a contribué à forger les langues romanes mais a surtout servi de langue d’échange entre les élites européennes, notamment religieuses. Le christianisme fut le deuxième vecteur de réunification des peuples européens, même si le schisme de 1054, puis les troubles consécutifs à la Réforme, contribuèrent à réintroduire les ferments de la division entre les peuples européens.
Parler d’une nationalité européenne relève aujourd’hui de l’utopie la plus complète et les peuples européens aujourd’hui, encore moins qu’hier, ne sont pas prêts à se fondre dans une entité politique unique qui laminerait leur particularisme ou leur spécificité culturelle. Plus encore, les riches nations européennes du nord ne sont pas prêtes à une péréquation de leur niveau de vie avec les pays européens du « Club Med » (cf. la crise grecque).
Sur le champ d’action des mouvements nationalistes, que peut-on observer ? Quasiment chaque pays européen possède un ou plusieurs partis « identitaires ». Le spectre politique de ceux-ci s’étend du mouvement xénophobe et libéral au groupuscule néo-païen en passant par toutes les tendances du populisme à visées régionale, nationale ou européenne. Quelle Europe imaginer avec des mouvements nationalistes nordiques ou flamands qui se reconnaissent dans l’idéologie la plus libérale qui soit et dans un populisme parfaitement compatible avec le Système, notamment dans l’accompagnement de sa stratégie du choc des civilisations ? Quelle Europe créer avec une Ligue du Nord italienne qui considère Rome et toutes les terres du sud de la péninsule comme occupées par des barbares qui ne songeraient qu’à les voler ou les spolier ? Quelle Europe mettre sur pied avec des mouvements nationalistes issus de pays jadis sous domination russe et qui considèrent les Etats-Unis comme le sauveur suprême et le mode de vie consumériste comme le nirvana sur terre ?
Quand je prêtais encore l’oreille aux vaticinations nationales-européennes, je me rappelle avoir entendu Guillaume Faye, auteur entre autres ouvrages du célèbre Nouveau discours à la nation européenne, rétorquer à un contradicteur qui doutait de l’intérêt de l’Europe de Bruxelles : « Bien sûr ! Cette Europe bruxelloise n’est pas la nôtre mais elle va dans le bon sens. Il nous suffit de monter dans l’avion, de braquer le pilote et d’en prendre les commandes afin de la conduire là où nous voulons ! ». Cette saillie remonte à la fin du siècle dernier et le problème c’est que depuis lors, non seulement nous ne sommes pas montés dans l’avion, mais que nous n’avons même pas réussi à prendre le taxi pour aller à l’aéroport !
En d’autres termes, aucun groupe de pression d’obédience « identitaire » n’est présent à Bruxelles – hormis les quelques dizaines d’élus « populistes » dont le poids politique au Parlement européen est quasi-nul -, ni dans aucun des autres cénacles qui orientent la politique des eurocrates. Aucun de ces groupes n’a investi le champ du social, ni le domaine culturel ou celui des grands médias. Aucun ne dispose de capacité de frappe financière et l’influence dans le domaine des idées se limite, pour l’essentiel, à quelques petites maisons d’édition, une presse à tirage limité et à une présence –relativement forte – sur Internet.
Au-delà de ce simple constat dont tout esprit honnête pourra convenir, il existe une autre évidence qui relève, là encore, de la simple confrontation au réel. Les nationalistes européens auront beau rêver d’une grande Europe de Brest à Vladivostok, cette vision du monde ne rencontre aujourd’hui aucun écho réel au sein des nations européennes. Mais en revanche cette vision romantique des patries charnelles sert objectivement les intérêts de la caste mondialiste et de ce que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne. Cette dernière après avoir dominé successivement sur la scène européenne les Espagnols, puis les Français et enfin les Allemands a désormais en ligne le mire le dernier grand peuple européen qui ne s’est pas encore soumis à leur diktat, à savoir le peuple russe. Aujourd’hui un nationaliste européen, même si sa vision politique du monde est aux antipodes de celle des technocrates de Bruxelles, en voulant dépasser l’idée de nation pour s’inscrire dans la construction d’une grande Europe mythique, sert les intérêts de l’oligarchie anglo-saxonne dont le but est de faire éclater les frontières pour mieux river les hommes au rêve fou de Big Brother.
Dans le même esprit, je me souviens d’une autre anecdote partagée avec Guillaume Faye en 2005. Cette année-là, nous avions été invités, lui et moi, à une série de conférences en Russie, dont la principale devait être donnée à la Douma. Je me souviens encore de l’effarement de nos hôtes devant le discours national-européen de Guillaume Faye. Pour les Russes en effet, l’Europe est perçue aujourd’hui comme un nain politique au service exclusif de cette idéologie anglo-saxonne et qu’ils ont parfaitement identifiée comme leur ennemi principal. Pour les Russes, seul le réel compte. L’Europe, il la perçoive comme un adversaire qui ne cesse de vouloir leur donner des leçons et qui s’oppose à eux à la moindre occasion (Géorgie, conflit gazier, tracés des oléoducs…). En revanche, ils veulent croire encore en la possibilité de relations bilatérales entre nations, et notamment avec l’Allemagne. En ce qui concerne la France, ils ont bien compris qu’avec l’élection de Nicolas Sarkozy, les dernières braises de l’indépendance gaullienne allaient s’éteindre avec lui et le principal intérêt qu’ils perçoivent actuellement dans la relation franco-russe est le transfert de technologies, notamment dans le domaine militaire (cf. porte-hélicoptères Mistral). En revanche, les Russes, comme de nombreux autres peuples dans le monde, ont encore une vision de la France, et sont les premiers à déplorer son effacement et sa soumission aux intérêts anglo-saxons.
Pourquoi seul le nationalisme français est-il d’essence révolutionnaire et pourquoi faut-il le transmuter en simple patriotisme ?
Est révolutionnaire l’idée qui agit et qui fait bouger les lignes. En ce sens, indiscutablement l’idéologie nationaliste – au sens strict – est désormais perçue en France par une part croissante de concitoyens comme une véritable alternative au Système. Même un mouvement comme le Bloc identitaire, participe, presque à son corps défendant, de la résurgence de l’idée de nation, lorsqu’il défend à travers ses actions l’enracinement national comme un moyen de s’opposer à la subversion mondialiste. Certes, il tente de relativiser ce cadre par un enracinement local pour mieux l’étendre à une vision paneuropéenne, mais celle-ci est d’autant moins pertinente que les Français prennent de plus en plus conscience de la nature totalitaire et anti-démocratique de l’Union européenne. Après des décennies de lavage de cerveau orchestrées par les partisans du déracinement, le peuple français tente de se raccrocher à ce qu’il connaît et à ce qui lui paraît admissible en terme d’identité : Le patriotisme, notamment à travers la défense de la nation comprise à partir du prisme républicain, est probablement la dernière planche de salut à laquelle on puisse se raccrocher pour tenter de sortir le peuple français de sa léthargie mortelle. Le mot même de nationalisme a été trop sali et perverti par nos ennemis pour pouvoir être utilisé dans une perspective politique stricto sensu.
Indiscutablement, le Front National rénové de Marine Le Pen dispose de la capacité attractive susceptible de réveiller les consciences et d’opposer une véritable alternative politique à l’idéologie mondialo-libérale. En ce sens, le Front national est le seul mouvement véritablement révolutionnaire, car il est le seul parti politique de véritable et légitime opposition à pouvoir prétendre accéder au pouvoir à court ou moyen terme. Dans cette perspective, il doit s’imposer désormais comme le nouveau tiers état ayant en ligne de mire le remplacement des élites bourgeoises qui ont trahi le peuple en se mettant au service exclusif de l’oligarchie mondiale.
Immigration et islam : Quelle attitude adopter ?
La politique du Front National, dès l’origine, a toujours été claire à l’égard de l’immigration : Ce sont les hommes politiques, (droite et gauche confondues) et le grand patronat qui ont mis en œuvre cette politique irresponsable de flux migratoires, et cela dès les années 60 du XXe siècle. Le but inavoué étant de désintégrer la nation par un apport de populations majoritairement inassimilables d’une part, et d’autre part de faire peser les salaires à la baisse en mettant en concurrence les travailleurs français avec les travailleurs immigrés. Il est évident que si on propose à un chômeur africain vivant dans son pays, et survivant avec un dollar par jour de gagner 1.200 € par mois il n’y aucune raison qu’il refuse cette proposition, surtout s’il sait que le régime social existant lui permettra de bénéficier également de toutes les aides sociales possibles, et cela qu’il soit clandestin ou régularisé. Si vous et moi étions à sa place, nous ferions exactement la même chose. Donc pour nous les causes véritables de la situation dramatique qu’a engendré le phénomène de déferlante migratoire sont clairement établies : Elles résultent d’une volonté politique, clairement manifestée par le décret du 29 avril 1976 relatif au regroupement familial signé par le Premier ministre Jacques Chirac. Si les phénomènes migratoires antérieurs constituaient principalement une immigration de travail, l’autorisation de regroupement familial dès 1976 transforme la nature de cette immigration en la transmutant de manière progressive en immigration de peuplement.
Mais la recherche des véritables responsables de cette situation doit nous conduire à identifier les initiateurs de cette politique, ceux qui en sont les commanditaires c’est-à-dire ceux qui en ont tiré et en tirent encore profit. Laurence Parisot, patronne du MEDEF, remarquable incarnation de ce grand patronat imbécile a plaidé récemment (cf. Le Figaro du 16 avril 2011) « pour que la France reste un pays ouvert face à l’immigration ». Idiote utile du Système, Mme Parisot ne mesure probablement pas toutes les conséquences de tels propos, mais elle sait en revanche parfaitement qu’un certain nombre de ses amis, et qui ne sont pas tous du CAC 40, ne lui pardonneraient pas une prise de position anti-immigrationniste. On peut penser que la majorité de ses pairs du grand patronat sont dans la même logique d’idiotie utile, principalement motivée par des considérations d’ordre pécuniaire – un salarié étranger, clandestin ou non, s’exploite plus facilement, et pour moins cher, qu’un salarié français -. Mais derrière l’idiot utile, il y a toujours quelqu’un qui n’est peut-être pas très utile, mais certainement pas idiot.
Illustration symétrique de la collusion UMP/PS dans le champ politique est le parallèle que l’on peut faire dans le domaine social avec l’alliance objective du MEDEF avec la quasi-totalité des syndicats (CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU) relativement à la préférence nationale. Une déclaration commune de ces derniers remontant au mois de mars 2011 affirme notamment « que la préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme ». Derrière des oppositions apparentes entre syndicats patronaux et ouvriers, destinées à donner le change et amuser la galerie, se dessine la même volonté anti-nationale, qui a d’abord porté préjudice à la classe ouvrière avant de s’attaquer maintenant aux classes moyennes en voie de paupérisation.
L’immigré, et en cela je suis d’accord avec Alain Soral, n’est pas en soi, l’ennemi du peuple français, et ne doit pas être transformé en bouc émissaire, mais force est de reconnaître que l’immigration a été instrumentalisée par les tenants (de « gauche » et de « droite ») de l’idéologie mondialiste pour ébranler le socle de la société française.
Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif que lui sur la volonté qu’auraient ces Français d’origine étrangère, et notamment pour les populations originaires du Maghreb, d’entrer en guerre contre le Système aux côtés des Français de souche. Je crois qu’Alain Soral sous-estime le poids de l’histoire, et notamment celui de la guerre d’Algérie, qui est encore très prégnant, notamment au sein de ces cultures de tradition orale ravivant sans cesse des blessures non cicatrisées. Au-delà de la figure de l’immigré, il est bien clair également que certains voudraient, à travers cette problématique, nous faire tomber dans le piège du choc des civilisations : Occident éclairé contre islam obscurantiste. Il est bien évident que s’inscrire dans cette logique sans réserve, consisterait à servir aveuglément les intérêts du Système, à savoir l’accélération du processus visant à obtenir la gouvernance mondiale par les partisans de l’idéologie anglo-saxonne. La lucidité et la réflexion permettent d’imaginer un résultat hétérotélique (c-à-d- que les objectifs visés par ceux qui ont mis en place cette stratégie de conflit civilisationnel seront très probablement différents des résultats qu’ils avaient imaginés). Au nombre de ceux-ci, on peut imaginer une inversion des flux migratoires et à tout le moins un arrêt de la progression de l’Islam sur notre continent.
L’islam, sur le plan théologique est tout aussi respectable que n’importe quelle religion, mais à la différence de toutes les autres religions présentes sur le continent européen, il ne distingue pas entre le spirituel et le temporel. En cela, il est totalement subversif pour une société républicaine et laïque. Par nature, l’islam ne peut se satisfaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Ou il obligera les édiles à violer la loi, ce qu’il fait déjà, en obtenant des financements déguisés pour la construction ou la mise à disposition de lieux de culte, ou il deviendra assez puissant pour faire abroger cette loi afin d’obliger l’Etat à financer son développement qui s’accroitra inévitablement si rien n’est fait pour mettre un terme à la politique migratoire que nous connaissons.
L’islam ne doit pas être stigmatisé, mais le danger que fait courir son développement spectaculaire, notamment à travers ses prédicateurs les plus extrémistes, ne doit pas être occulté. Si à une religion d’essence totalitaire – au sens encore une fois où toutes les activités humaines de ses membres sont codifiées par les hadiths du prophète – n’est pas imposé un code de conduite drastique qui permet de protéger les acquis de la liberté, alors tous les idéaux pour lesquels nos ancêtres se sont battus seront foulés au pied par les fidèles d’une religion qui ne connaît que la conquête, par l’esprit ou par les armes.
Pour en finir avec la dernière dictature du XXe siècle
Le XXe siècle a été le théâtre d’une confrontation entre trois idéologies totalitaires, étroitement imbriquées entre elles, nazisme, communisme et libéralisme. Elles ont des points communs et des divergences, mais toutes visaient à l’asservissement des hommes. Les deux premières ont heureusement disparu, mais il en reste une dont les ravages se font toujours sentir. Elle est probablement la plus dangereuse, d’abord parce qu’elle a vaincu successivement les deux autres en démontrant par là sa supériorité, ensuite parce qu’à la différence des deux premières, elle avance masquée sous la bannière attrayante des droits de l’homme, de la liberté et de la consommation.
Toutes trois ont en commun d’être des idéologies du passé totalement inadaptées aux problématiques de notre temps. Par ordre d’apparition on a assisté d’abord à la naissance du libéralisme au XVIIIe siècle, puis du communisme au XIXe et enfin du nazisme au début du XXe. D’une certaine manière, les deux dernières peuvent s’analyser comme des réactions aux excès d’inégalités que suscitait déjà le libéralisme. Réaction au libéralisme, mais aussi au communisme, le nazisme devait sombrer dans ce qui restera comme une des plus abominables dictatures de tous les temps.
Les points communs de ces trois systèmes reposent d’abord sur l’utilisation des masses à la fois comme objet de pouvoir et comme instrument de domination. Une distinction toutefois entre le libéralisme et les idéologies militaristes est que la première atomise les individus pour les mieux les massifier dans l’indifférencié, alors que les deux autres tentaient d’obtenir l’adhésion des masses sur la foi en la suprématie d’une race ou d’une classe. Une fois que la masse est circonvenue et adhère à l’idéologie, par la persuasion et/ou la terreur, elle devient l’esclave de l’oligarchie au pouvoir et les individus qui la composent deviennent des militants actifs au service exclusif du système en place, quel qu’il soit – on l’a vu avec la transformation rapide en République démocratique allemande, des militants nazis qui se sont transformés sans état d’âme en militants communistes du jour au lendemain, et on a vu également dans les ex-pays communistes d’Europe de l’est, la nomenklatura communiste se transformer en oligarchie libérale avec une simplicité et une rapidité déconcertantes -.
Autre point commun, la domination d’une caste de privilégiés sur les masses : parti nazi ou parti communiste pour les deux idéologies à dominante militariste, mais plus grande subtilité de la part de l’idéologie libérale dont les véritables dirigeants sont beaucoup plus discrets, ne portent pas d’uniformes et ne paradent pas sur des tribunes officielles devant des armées défilant au pas de l’oie.
Méthodes comparables encore dans l’utilisation de la propagande, ou de la publicité, qui vise à conditionner les foules pour les faire obéir à des réflexes pavloviens, supériorité d’une race, supériorité d’une classe, ou plus subtil, vendre le désir de consommation et l’individualisme forcené comme la forme la plus aboutie de la liberté.
Autre parallèle que l’on peut établir entre ces trois idéologies est celui de la notion d’enfermement. Le nazisme et le communisme resteront dans l’histoire comme les deux dictatures les plus sanguinaires qui aient jamais existé et au-delà des guerres qu’elles ont suscitées, c’est dans l’emmurement et l’extermination de leurs opposants qu’elles étaient contraintes d’agir pour assurer leur pérennité. Là encore, la dictature libérale est plus habile : Pas de camp de concentration, pas d’extermination de masse (pas encore ?) mais utilisation massive des médias pour intoxiquer quotidiennement les peuples, grâce notamment à l’instrument majeur de contrôle des esprits que constitue la télévision. Si l’enfermement est plus subtil, il est néanmoins présent par l’omniprésence et l’omnipotence de l’argent qui enchaîne l’individu dans une frénésie de consommation stérile qui ne sert qu’à enrichir les commanditaires du Système et à asseoir leur domination. Autre raison de la pérennité du plus vieux système d’oppression des peuples, est qu’il a l’habileté de se cacher derrière ce qu’il appelle « la main invisible du marché ». De ce fait, ceux qui accaparent les plus grandes richesses deviennent les véritables maîtres de la main invisible par leur capacité à orienter ce marché dans le sens qui leur convient. Ensuite, et c’est là que se situe le véritable nœud gordien du libéralisme, l’habileté suprême de Big Brother, c’est que nous sommes tous partie prenante de ce système, quand bien même nous le combattons, dès lors que nous consommons à travers les circuits qu’il a organisés, nous alimentons la machine destinée à nous asservir. Le seul moyen de trancher le nœud est de redonner au politique toute sa place et à l’économie rien que sa place, L’économie n’est pas une science, mais un simple moyen destiné à être au service de l’homme et ne doit pas être un moyen utilisé pour mettre l’homme au service de l’économie.
Dernier élément de comparaison entre ces trois dictatures, apparemment si dissemblables, le manque total de respect pour l’être humain. Face à ces trois visions du monde totalitaires, une seule attitude est possible c’est celle de la résistance à l’oppression. Tout autre choix relèverait de l’esprit de collaboration. Il n’est plus nécessaire, et c’est heureux, de lutter contre le fascisme et le communisme sur notre continent, mais il est du devoir de tous les patriotes, de tous ceux qui aiment la France, sans considération de sang ou de religion, de tous ceux pour qui le mot de liberté a encore du sens, de marcher ensemble pour abattre la dernière vieille dictature encore debout en ce début de IIIe millénaire, la dictature de l’argent. Patriotes de tout le pays ! Unissez-vous !
Emmanuel Leroy (Nation Presse Infos, 21 juin 2011)
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